Carnet de croquis - novembre 2024 à mars 2025
À la toute fin des années 1990, je mettais les pieds dans un univers inconnu. Suite à un échec scolaire, à la fermeture de l'option scientifique dans laquelle je me trouvais, et encouragé par mon entourage, j'entamais mon parcours artistique à l'école Saint-Luc de Mons.
C'était une époque de changements et d'interrogations. Entre autre-choses, je me confrontais à du harcèlement scolaire, je m'accommodais de n'avoir qu'un seul véritable ami dans cette nouvelle école, je vivais ma première relation amoureuse que l'on pourrait qualifier de "sérieuse".
Justement poussé par ma petite amie du moment, j'ai commencé à faire comme elle : tenir un journal intime.
Très vite, ces journaux sont devenus très présents dans ma pratique artistique naissante. Ils étaient à fois des journaux intimes, au sens le plus classique du terme, mais aussi des carnets de dessin. Les sages cahiers d'écriture, lignés ou quadrillés selon mon envie, se remplissaient inlassablement de textes que je composais en rimes, comme des poésies ou des chansons.
Ces textes étaient accompagnés de dessins, de peinture, de collages, voire tout ça à la fois, créant des illustrations extrêmement libres et, pour moi, sur le coup, très novatrices et percutantes. Les cahiers, chargés de collages et de couches de peinture acrylique, doublaient d'épaisseur, craquaient, dégageaient leur propre parfum.
Le traçage du texte en lui-même faisait aussi partie de l'exercice, puisque les lettres, les mots, les phrases variaient en taille, en typographie, tandis que je jouais sur leur placement au sein de la page. Le texte pouvait se fondre dans l'illustration, unissant ainsi les deux.
J'ai ainsi tenu ces journaux pendant deux bonnes années, avant que cette habitude ne m'abandonne petit à petit.
Mais un jour, alors que je m'y replongeais, je me suis rendu compte beaucoup des textes étaient horriblement crus. J'avais laissé exploser sur le papier des torrents de frustration, résultant en de terribles élans de sauvagerie laissant exprimer, parfois, mes pulsions les plus sombres. Avec le recul, je les avais trouvés gênants, malaisants, peut-être inquiétants. Dérouté par ma propre création et, de peur que quelqu'un ne les lise, j'ai saboté et jeté tous les cahiers.
Toujours est-il que c'était un festival d'expérimentation graphique et
visuel, en plus d'être incroyablement cathartique, même si j'ai regretté plus tard la teneur des textes. Je déplore de ne
plus avoir ces journaux, de ne pas en avoir conservé une archive. Ils
étaient tout de même le témoin d'un instant important de ma vie, en plus
de contenir des visuels qui, je crois, ne démériteraient pas à l'heure
actuelle.
Pourquoi évoquer tout cela? Parce que ça fait longtemps que, d'un point de vue créatif, quelque chose me manque. Et, comme tel un écho lointain qui me revient, ça fait un moment que ça se remet à composer des textes dans ma tête. Je ne trouve pas encore le moyen de les laisser jaillir, mais il y a quelque chose qui est là et qui cherche à sortir.
Et si c'était ça, justement, la pièce manquante? Parce que l'écriture ne m'a jamais vraiment quitté, même si elle n'a plus la même fonction et ne prend plus la même forme qu'il y a une vingtaine d'années. C'est pourtant ce à quoi je tente de revenir, maladroitement, timidement, comme dans certaines pages présentées ci-dessous, ainsi que d'autres carnets en cours de réalisation.
Je tâtonne encore, mais je crois que ça reviendra. C'est comme un long processus de guérison.
Bonus track :
Quelques extraits d'un carnet abandonné rempli dans le même laps de temps. Ce carnet a fini à la poubelle, mais j'ai décidé d'archiver ces quelques pages.
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