Carnet de croquis et tympan perforé - juillet à août 2021

Un carnet rempli durant l'été, alors que j'étais en convalescence à cause d'une vilaine otite, découvrant et subissant bien malgré moi les aberrations et les ratés du système de santé publique espagnol.


Dans la nuit qui a suivi le croquis ci-dessus, l'otite a dégénéré en perforation du tympan. Je continue à croire que le premier médecin aurait dû m'écouter et adapter sa prescription. Le deuxième médecin l'a fait, constatant l'inefficacité du traitement prescrit deux jours plus tôt par son collègue, mais il était sans doute trop tard : la nuit même, mon tympan a lâché. En a suivi un mois et demi de convalescence.

Au moment où j'écris ces lignes, je suis encore au repos. Le suivi de mon cas est très laborieux, car je ne vois pratiquement jamais deux fois le même médecin, et tout se déroule entre trois lieux différents (le centre de santé du quartier et deux hôpitaux). En plus, les médecins sont assez expéditifs, se contentent de vous conseiller le traitement le plus basique et semblent bien pressés de vous voir quitter la consultation. Ça va parfois si vite qu'on se sent poussé vers la porte et on en oublie de mentionner des choses dont on voulait parler. Mais dans ce contexte, auraient-ils écouté de toute façon?

Si vous cherchez à discuter la prescription ("J'ai déjà pris / je prends déjà ce médicament et c'est sans effet", "Ce genre de traitement ne m'a pas réussi par le passé et m'a même été déconseillé"...), ils passent outre et ne tiennent pas compte ni de votre historique, ni de vos préoccupations.

Si vous voulez profiter d'une consultation pour approfondir le sujet ("Au fait, un docteur a dit que l'otite avait pu être provoquée par une accumulation de mucus dans le sinus et, justement, ça me gêne depuis des semaines au niveau du sinus..."), c'est grosso modo le même cirque : ils ignorent le fait que vous rapportez. Au mieux, ils vous survolent et comme ils ne voient rien, et bien vous n'avez rien.






Si la convalescence est longue, c'est parce que je suis téléopérateur. Tous les médecins se sont accordés pour dire que, vu la nature de mon travail, il était préférable que je reste au repos, ou du moins mon oreille, afin de maximiser les chances de guérison.

Un tympan perforé a besoin de 6 à 8 semaines pour cicatriser. Malheureusement, au terme de six semaines de convalescence, il n’y a aucune amélioration.

Entre-temps, je souffre également de toutes sortes de désagréments. Il y a forcément la perte d'audition et l'acouphène assez fort qui résonne constamment dans mon crâne (aggravation claire et nette de mon acouphène préexistant). À cela s'ajoute des vertiges, des maux de tête, un "poids" notable dans le sinus, de la fatigue. Parfois, sans trop savoir pourquoi, je m'écroule de fatigue en plein jour. Je n'ai plus de forces. Comme si mon corps utilisait son énergie pour lutter contre quelque chose.




Suite à la discussion avec un docteur pour savoir si mon certificat médical allait être prolongé au terme des six semaines d'arrêt, j'ai commencé à lui tenir la jambe pour parler de tous les désagréments qui m'assaillent depuis des semaines, et que personne ne prend en compte. Ne pouvant prendre une décision, le toubib a rallongé mon certif' d'une semaine et m'a renvoyé en consultation ORL.

Depuis plus d'un mois, dès le début de ma convalescence, je suis retourné en tout quatre fois au centre de santé ou à l'hôpital pour exposer la gêne que j'éprouve dans le sinus (et, accessoirement, les autres symptômes qui surviennent). Il a fallu tout ce temps, et être envoyé sur ordre du médecin, pour que quelqu'un me prenne enfin en charge sérieusement. 

Une rhinoscopie plus tard, le verdict tombe :  j'ai une inflammation du sinus avec une accumulation de mucus d'aspect purulent (comme ils disent). Je suis parti pour deux semaines d'antibiotiques et autres traitements, sur plus d'un mois au total. Ironiquement, l'ORL qui m'a ausculté est celui qui m'a vu il y a deux semaines et m'a dit que je n'avais rien.






Voilà où j'en suis actuellement avec ce tympan perforé. Il semble que ça découle d'une otite elle-même provoquée par une inflammation du sinus.

Le premier médecin que j'ai vu (et jamais revu), celui qui m'a donc diagnostiqué l'otite, a commis une erreur, selon moi, en prescrivant de simples gouttes auriculaires et un pauvre spray nasal. Et ce malgré mes réticences dues à mon expérience passée avec les otites. Cependant, ce même médecin a eu l'intuition du problème avec le sinus sans que je dise quoi que ce soit. En effet, à ce moment-là, je ne me plaignais pas de cela : ces désagréments sont apparus par la suite.

Encore heureux que j'ai insisté pour l'histoire du sinus car, bizarrement, autant les médecins disent de tout faire pour que l'oreille ne se réinfecte pas, autant ils ne me prenaient pas aux sérieux quand je leur en parlais. Parce que si c'est l'origine de l'otite, autant soigner ça aussi et éviter que le problème ne s'installe et perdure sur le long terme, provoquant d'autres otites à l'avenir.



En conclusion, je vais devoir subir une opération dans six mois si tout va bien. Il faut attendre tout ce temps pour s'assurer que l'oreille ne recommence pas à suppurer et la laisser "sécher". Si une otite venait à frapper juste après l'opération, tout cela n'aura servi à rien.

L'ORL préconise aussi une semaine de repos supplémentaire afin de laisser le traitement actuel faire effet. Ensuite, je vais pouvoir reprendre le travail, mais avec précaution : le port du casque audio n'est clairement pas idéal et pourrait amener l'oreille à se réinfecter.

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