Savoir tourner la page

Il y a presque 2 ans, lors du redémarrage de ce blog, j'expliquais qu'une des raisons pour lesquelles je faisais place nette était le fait que je n'étais plus en possession des dessins ici exposés. Profitant d'un voyage au bercail, je m'étais débarrassé de la quasi-totalité de ma production, ne gardant que 2 ou 3 séries de dessins "charnières" qui marquaient les débuts de Jurassic Atomic.

Cependant, il y avait une chose que je ne pouvais pas me résoudre à jeter : mes carnets de croquis. Au fil des années, j'en ai rempli beaucoup et j'y étais très attaché. J'ai même envisagé de me les faire expédier à Barcelone pour en libérer la maison de mes parents.

À force d'y réfléchir, toutefois, cette entreprise de conservation de mes carnets me paraissait de plus en plus hasardeuse, que ce soit du point de vue financier, logistique, de l'espace disponible dans mon appartement actuel, de l'encombrement que ça génère en général (pour les stocker, quand il faut déménager...) et aussi, au final, d'un point de vue artistique. Si j'ai bien jeté mes dessins, pourquoi pas mes carnets? Ils n'en sont que le reflet, après tout. Et si le contenu de mes dessins ne me "représentait" plus, il devrait en être de même de mes carnets.

De ce fait, lors de mon dernier retour au pays, ma décision était prise : je ne conserverai pas mes carnets sauf, peut-être, quelques-uns qui sortiraient du lot. Mes parents les ayant rangés dans des caisses il y a quelque temps, une partie du travail était fait dans tous les cas :

Ces 7 boîtes en carton contenaient donc l'intégralité de mes carnets depuis 2007/2008 (c'étaient les plus vieux à ma connaissance) jusqu'à 2017. Dix années de croquis, de dessins, de notes, de peintures, de collages, de recherches de toutes sortes, de projets de BD et d'illustration, etc. D'innombrables heures passées à noircir, tartiner, colorer, encoller ces centaines, sans doute milliers, de pages.

Dans le but d'éventuellement sauver l'un ou l'autre carnet (ou même des pages), j'ai commencé à les compulser, prenant également des photos, mais j'ai cessé de faire ça dès la première caisse parce que ça prenait trop de temps, et je me rendais bien compte que je n'allais pas trouver grand-chose d'intéressant.

Je me suis alors contenté de faire le tri pour la déchetterie, sans faire d'état d'âme. Voici les 4 seules photos que j'ai prises (j'ai quand même incrusté l'année pour avoir un repère) :



Sur ma lancée, j'ai aussi liquidé les séries de dessins que j'avais gardées en 2019 :

Il s'agit ci-dessus de la première série "Worse than slavery". Ce projet, et d'autres, ont été republiés sur ce blog en 2020 car ce sont les fondations de Jurassic Atomic. Bien que je ne les possède plus, je vais ici les laisser en exposition parce qu'ils restent, pour moi, des marqueurs importants de mon évolution et de mon projet artistique.

Le lendemain, je me rendais tout bazarder au parc à conteneurs. Alors qu'il y a encore 6 mois, je ne m'imaginais pas me débarrasser de ces carnets, voilà que je l'ai fait sans sourciller. Au-delà de l'aspect purement pratique de la démarche, je ressens aussi une certaine satisfaction. Comme si cet acte me permettait de clore ce chapitre pour mieux me concentrer sur le nouveau.

Cela fait également écho à une réflexion personnelle que je mène depuis quelques mois, dans laquelle je ne cherche plus autant à accumuler et posséder les choses, à savoir lâcher prise et vivre de façon plus épurée.


En conclusion, je place ce souvenir de ma bonne vieille farde à dessin, celle qui m'a accompagné pendant toutes mes études d'art, bardée d'autocollants et d'étiquettes de toutes sortes -comme celles des CD que j'achetais-, rafistolée et increvable. C'était un peu mon "accessoire signature", je l'avais toujours sous le bras. Cette relique est aussi passée à la trappe, c'est dire ma détermination à exécuter ce nettoyage.
 
Ce ne sont pas toujours des décisions faciles, je l'avoue, mais il faut parfois savoir tourner la page, et je suis content de l'avoir fait.

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